Dans la faiblesse des mots
(Yann à Marion)
Vendredi soir. On installe les lumières de la ville. J'ai l'impression de réaliser quelque chose, mais quoi ? Que la nuit va tomber ou que le silence s'égare vers ce qui nous échappe ?
Samedi nuit. Tout n'est pas si cruel.
Sauf la mort qui ne nous écoute pas.
Je sais, cette impression,
Noël sera pauvre dans mon âme.
Je me sens de plus en plus loin de ma solitude. Je veux dire que mes désirs s'en échappent. Ils fuient l'absence. Ils attendent, dans la neutralité et l'impalpable, de pouvoir toucher la différence.
En réfléchissant, j'ai cru comprendre que je devais être trop "conscient", trop lucide; à "vingt ans", on doit être fou de vie, exalté, exaltant, troublant, troublé. Ce qui bouge doit se voir presque "forcément", quand on a vingt ans !
J'ai peur de cela, de moi, de ce contexte, de la mort.
Tous les soleils se réchauffent
Pour appeler les sourires
Et tous les soleils
Se croisent
Et leurs rayons s'embrasent
Quand je rencontre leur amour
Je voudrais que ces rayons arrivent tous
Dans ta maison
Marion, la grâce est-elle dans
le silence
le cœur
le plaisir
l'insignifiant
l'irrésistible
la tendresse
la passion
l'indolence
la souffrance ?
Si elle est dans la faiblesse des mots,
la grâce alors m'accompagne.
La nuit revêt sa tranquille, timide rêverie.
Elle laisse aux rêveurs nocturnes
son cerveau d'inassouvie.
Je me laisse...
Je "vais vers", sans vouloir à tout prix
sans te dire mon amie sans que tu saches
sans penser sans t'inviter à penser
Pas sans partage
sans captivité
sans privilège.
Car mon cœur
car mon corps
car mon âme
te livrent des doutes, des peurs
car eux te parlent avant MOI
Ils surmontent l'expérience
Ils te parlent de l'enfant
Ils se distinguent avec pureté
Ils n'ont pas honte.
C'est MOI qui détruit, qui les éteint
Mais EUX ne meurent pas
Ils savent renaître à l'Instant de majesté.