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Le balayeur de comètes
Le Balayeur de comètes

Blog à variations multiples… Coups de cœur, coups de gueule ! La vie est belle… Poésie, nouvelles, humour, photographie… Un blog où égrener sa curiosité en balades improvisées !

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24 mars 2017

1 - J'aime

 

L’encre est noire, noire est mon âme. Noire l’origine des mondes. Le feu vient de l’obscurité, qui n’est pas du noir.

-Tu es un volcan. Un volcan endormi.
-Mes veines sont emplies de feu, mon cœur se bombe, brûle ma poitrine.

Songe du désert des certitudes. Premier, dernier secret. Evidence rebelle.

-D’où viens-tu ?
-Je viens de ce sillon fertile, ce sillon chargé de sens que l’on m’a volé.

Une fumée s’élève du caniveau ruisselant. Gerbe d’ivresse, découverte du hasard.

-Tu n’y crois plus ?
-Je n’y croyais plus. Maintenant, c’est impossible.

Malédiction de la lumière qui demeure. Dans sa vie, un rêve s’est éteint, laissant sa place au désarroi. Sur sa nuque, le souffle chaud de l’exil. La terre d’où il pensait venir, où il espérait retourner, qu’est-elle devenue ? Le tourment l’a engouffrée. La solitude, son visage silencieux, la nuit amère accoudée à la douleur du jour, les rencontres fiévreuses des saisons révoltées, la rage cendrée de sa chair, le sentier frissonnant qui déchire la campagne, le vol reconnaissable de deux ailes bleuies par la foudre des tempêtes, l’attente interrogative d’un horizon attiédi… le futur le précède comme son ombre. Qu’adviendra-t-il de lui ?

-J’aime la transparence de tes yeux.
-Regarde… là-bas, au loin de la clairière, les peupliers, l’étang où nulle ombre ne se mire.
-Cette odeur… le sel d’un orage qui s’apprête. Allons nous abriter.
-Non, je reste. J’aime la pluie, et puis mon espoir s’obstine, il a soif de bonté.

 Au travers de mon désir, je t’appelle. Au travers de ma peine, de ma joie, je me réveille, et rejoins dès cet instant le cours désespéré des heures, heures claires, heures en haillons et guenilles, heures limpides sous l’étoile, heures noyées dans la mer, heures de la vie, d’une musique adorée que je recouvrirai d’un tapis de feuilles sauvages, feuillets des mages baignant à l’orée de tes petits cercles lucides, pupilles d’iris que l’absence d’amour a cristallisées.

-Regarde ! Regarde !
-Mais non ! Ferme donc les yeux, et tu verras mieux ! la couleur des pierres allongées tout au long du chemin montagneux, le jeûne des roses fleuries où se coucheront des femmes éprouvées, un matin de juin, sans doute…
-Le doute te murmure dans un langage de brouillard ; le doute se dresse, jetant son bâillon à terre ; le doute est ta souffrance, ni blanche ni noire.
-Quelle harmonie douteuse.

Réveil de l’azur. Le soleil se rompt au fil de l’horizon, la nuit fleurit, son parfum trompeur se répand, flot de poussières déréelles, tourbillons d’un oiseau sans ailes… et rien ne me revient, j’ai peut-être oublié.

-Qu’est-elle, cette formule du souvenir ?
-C’est la morsure du désir.
-Alors ?
-Alors, oui. J’aime.
-Adieu…
-Adieu.
-A demain, peut-être ?
-Peut-être…
-Adieu.

Elle se leva et s’éloigna jusqu’à disparaître derrière les collines rougeoyantes. Quant à lui, il s’étendit à même le sol et s’assoupit rapidement. Pendant son sommeil doucement agité, ses mains s’ouvrirent. Au creux de chaque paume, il y avait une perle de nacre zébrée de veines rougeâtres et bleutées.

 

 

 

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