Cat Power - The greatest
Taverne du « Tant pis si je meurs ».
Six heures du matin.
A la surface des bocks épuisés, le dépôt des foules inertes. La tessiture cornée de leurs fibres nerveuses ne répond plus.
Dans les raies de l’alcool éthylique, la nuit épaisse se fait tardive. Il semblerait qu’elle possède une âme élastique.
Les gens méprisants se sont assagis ; le sommeil inquisiteur les a rendus sourds à la lévitation de leur ivresse démesurée…
Il y avait bien encore quelqu’un pour attirer mon attention hallucinée : au fond de la salle embrumée, tout près du bar cuivré, se tenait un assassin. Devant lui, un vieux piano bastringue, sur lequel il jouait du blues. La musique n’était uniquement entrecoupée que par les descentes successives de doubles whisky. J’étais fasciné par la course frénétique de ses doigts sur les touches d’ivoire et d’ébène. Les longues improvisations dans lesquelles il se perdait m’entraînaient irrésistiblement. Tout y passait : l’essence de la musique noire se tenait là, dans l’esprit agité de ce musicien dépravé, telle une incantation que l’on n’aurait jamais dû oublier.
Comment tenait-il encore debout ?
La vision s’obscurcit, ainsi que mon âme…